Esmeralda Da Costa, MATCH
Telle l’Olympia de Manet, Esmeralda Da Costa regarde en face ses regardeurs. Car pour une femme qui monte sur la scène de l’art, comme artiste ou comme modèle, ou les deux à la fois, le match n’a pas changé depuis 1865. Il s’agit toujours de gagner deux combats : contre le voyeurisme et contre soi-même. Une femme qui s’expose, lutte, crée, quoi de plus érotique !
Face aux voyeurs, Maja rhabillée, Da Costa joue avec son boxer noir comme Olympia avec son noir collier (un des multiples substituts du sexe qu’une main cache, dans le nu de Manet). Joue à quoi ? A dévier le désir vers les gestes, le mouvement, le battement des membres, l’intelligence des mains. Mains de parade pour l’une, force de frappe pour l’autre.
A qui le tour ? Approchez. Au dernier round, l’adversaire invincible vient faire un tour de piste. Le combat contre soi ne peut avoir de perdant. Mais il faut le mener si on veut triompher. Sans tricher. La preuve qu’elle ne triche pas, Da Costa ? Ses trucages parfaits qui dédoublent son corps, le multiplient, l’essaiment, à bon escient.
Performeuse, vidéaste, Esmeralda en outre a le sens des couleurs. Rouge et noir : impeccable rapport. Comme des monochromes qui se battraient, avec respect, modernité.
Jean-Paul Fargier
EXPOSITION DU 16 AVRIL AU 16 JUIN 2015