Arthur Aeschbacher
Peintre suisse (Genève 1923)
Après des études à l’école des Beaux-Arts de Genève, il fréquente à Paris l’Académie Julian et l’atelier de Fernand Léger. Il présente sa première exposition en 1951 (gal. de l’Étoile scellée, Paris) sous le patronage d’André Breton, et Jacques Prévert préface le catalogue de sa deuxième exposition parisienne. Rattaché aux affichistes, il se tient néanmoins à l’écart du mouvement des Nouveaux Réalistes, dont il ne partage pas les visées sociologiques. Plutôt que de célébrer le » lacéré anonyme » comme Hains ou La Villeglé, Aeschbacher utilise l’affiche comme un » matériau de peintre « . Pour lui, le langage de l’affiche, qu’il décolle puis recolle et recompose, est avant tout celui de ses couleurs, de son épaisseur et de ses décrochements. Ses tableaux sont ainsi, dans les années 60, composés de couches successives d’affiches lacérées, dont les textes sont devenus illisibles. Avec la série des » lettres éclatées » ou des » stores surfaces » (1973), il développe sa relation aux lettres en abandonnant progressivement la pratique du collage/décollage. Peintes en noir, bleu ou sombre sur un fond gris, ces » lettres éclatées » se dispersent derrière des grilles de couleurs qui structurent la toile. Puis, avec la série » 6, 4, 2 » (1984), Aeschbacher épure ses compositions : les références linguistiques s’organisent en fonction d’arcs de cercle qui rompent avec la rectitude du précédent système de grille. Ses dernières œuvres restent fidèles à l’esprit des » joutes graphiques » où la lettre est chargée d’une force picturale, brisant ce que l’échelel Butor appelle le » mur fondamental édifié entre les lettres et les arts « . Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques en France et à l’étranger. Le centre d’Art contemporain de Corbeil-Essonnes lui a consacré une exposition en 1993.